«Au départ, ce qui nous a interpellés mes amis courtiers en assurance et moi-même, c’est l’isolement humain dans lequel se retrouvent nombre de personnes âgées dans nos sociétés. Et cet isolement, de facto, confère un statut très important à leur animal de compagnie», explique Vincent Derudder, fondateur de Carat-Pattes, une association internationale sans but lucratif (AISBL), qui propose au propriétaire d’un animal de compagnie d’assurer l’avenir de son chien ou de son chat lorsque celui-ci lui survit.
«Je vis à Belair, en Ville, et je suis souvent témoin de toute cette attention et même de cette complicité qui unit la personne âgée à son animal. Or si des assurances existent pour couvrir les frais vétérinaires du vivant du propriétaire, il n’y a pas, à ma connaissance, de dispositif garantissant le toit, le « couvert » et les soins en cas de décès de ce dernier», ajoute Vincent Derudder.
Rompu au monde de l’assurance, lui-même propriétaire d’un chien dont il peine à se séparer «même pour aller au bureau», Vincent Derudder se rapproche des associations de défense des animaux en France et en Belgique et fonde Carat-Pattes avec leur soutien et celui de ses associés. «Le dispositif est désormais en place avec un site qui est fonctionnel depuis janvier 2016. Toute la transaction – incluant un devis préalable – peut se faire en ligne», détaille le fondateur de Carat-Pattes qui fait d’ailleurs partie des tout premiers adhérents de l’AISBL. Ce dernier a donc pu tester lui-même la viabilité de la plateforme et assurer l’avenir de son chien «en cas de pépin…».
D’une pierre deux coups
Le prix de l’assurance, détaille Vincent Derudder, dépend essentiellement des trois facteurs que sont l’âge et le poids de l’animal ainsi que l’âge du propriétaire. «Elle fonctionne comme une assurance obsèques sauf qu’au lieu de prendre en charge l’enterrement et d’éventuels frais annexes, elle finance l’entretien de l’animal après le décès de son maître, et ce, jusqu’à sa mort.»
Concrètement, en adhérant à Carat-Pattes, au moment où il remplit son contrat, le propriétaire de l’animal désigne un tuteur qui accueillera le chien ou le chat «orphelin». «Et s’il n’est pas en mesure de désigner quelqu’un, Carat-Pattes prendra en charge l’animal en attendant de lui trouver un nouveau maître.» C’est là que le dispositif innovant de l’assurance prend d’ailleurs tout son sens: «On a observé que de nombreuses personnes, souvent âgées, seules et parfois un peu justes financièrement, renonçaient à la compagnie d’un animal de peur de ne pouvoir subvenir financièrement à l’ensemble des frais que cela occasionne. Soulagées de toutes ces dépenses, ces personnes plus modestes pourront s’offrir le plaisir d’adopter un animal « orphelin ». On fait d’une pierre deux coups.»
Une campagne marketing expliquant les avantages de ce nouveau dispositif a déjà été lancée en Belgique et en France, elle devrait voir le jour au Grand-Duché avant le début de l’été. «Des contacts sont pris, notamment avec l’association Dogwalker, nous sommes persuadés que ce nouveau concept trouvera son public au Luxembourg.»
Chacun peut d’ailleurs d’ores et déjà se rendre sur le site de l’association. Site que le président de Carat-Pattes promet de décliner prochainement en allemand et en anglais. «C’est indispensable quand on connaît la pluralité linguistique du pays.»
Rachid Kerrou – rkerrou@le-jeudi.lu